Devedjan refuse qu'un collège porte le nom d'un immigré

La droite refuse d’honorer la mémoire d’Abdelmalek Sayad

Ils avaient plaidé, municipalité de Nanterre en tête,
pour que le nouveau collège implanté dans la ville porte le nom d’Abdelmalek Sayad.
Le conseil général des Hauts-de-Seine, dirigé par Patrick Devedjian, en
a décidé autrement, par réflexe idéologique. Sociologue, né en petite
Kabylie, ex-instituteur devenu directeur de recherche au CNRS,
Abdelmalek Sayad (1933-1999) a commencé sa carrière avec Pierre
Bourdieu. En 1963, il émigre en France où il travaille sur l’histoire
de l’immigration et écrit, en 1998, un essai Nanterre algérien, terre
de bidonvilles (éditions Autrement). C’est justement à 200 mètres de
l’ancien bidonville que le collège a été construit. Baptisé du nom de
ce sociologue, il aurait été tout un symbole que la droite dans ce fief
sarkozyste a rejeté d’un revers de main.
Le maire (PCF) de Nanterre Patrick Jarry, initiateur de la proposition,
« regrette et reste convaincu que c’était une belle idée, porteuse d’une culture du
vivre-ensemble, de prise en compte des diversités ». L’initiative avait
rencontré un grand écho dans la ville et au-delà, l’association Les
Oranges l’avait relayée à travers une pétition sur Internet. Car cette
proposition avait du « sens », explique le maire. « Pour la République
tout entière, puisqu’en donnant, pour la première fois, le nom d’un
chercheur issu de l’immigration maghrébine à un établissement scolaire,
nous aurions marqué l’apport de celle-ci à la construction de la
société et de l’identité françaises », précise-t-il. M.K.