Le retour (gagnant?) de Pierre Marcelle
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Le retour (gagnant?) de Pierre Marcelle
Je le sens un peu désabusé sur ce coup là l'ami Pierrot...
http://www.liberation.fr/chroniques/0101354393-de-la-manif-comme-un-art-poetique
De la manif comme un art poétique
Par Pierre Marcelle
Rôle positif
cocotiers, à une protestation contre la vie chère.
De toute manifestation, le témoin actif ou passif conserve une image, une banderole, un slogan qui, s’inscrivant dans la mémoire et la lumière du jour, confère à la protestation un ton et un style. Samedi, place Léon-Blum, l’image fut celle d’une jeune femme aux teint sombre et chapeau clair, la banderole celle du collectif Continuité LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon) derrière laquelle elle avait pris place au premier rang, et le slogan «Respect», qu’elle scandait vigoureusement en scrutant des yeux les humains massés sur les trottoirs. Et dans sa façon de le crier, visage fermé et fixant chacun, elle semblait tout à la fois réclamer notre respect et qu’on le réclamât avec elle.
Considérant autour d’elle l’avancée sonore et joliment rythmée de ses camarades, qui évoquait le pas chaloupé d’une école de samba aussi bien que celui, glissé, des esclaves entravés par des fers aux chevilles, on put se dire que notre manifestante franchouillardise serait bien inspirée d’en prendre de la graine.
Rôle négatif
C’est que, derrière les bataillons colorés et sous le gros ballon de la grande et métropolitaine confédération syndicale, venait un second cortège, dans des lambeaux de slogans arthritiques. Blanc, le cortège, et mous, les slogans, tombés de haut-parleurs enroués et que la foule ne reprenait pas, ou si peu, et si mécaniquement qu’elle donnait le
sentiment de n’y pas croire.
On la comprend.
Déjà, lors de «la journée d’action interprofessionnelle» du 29 janvier, l’éculé «aucu ! aucu ! aucune hésitation», signifiant exactement le contraire de ce qu’il proclamait, avait fait écho au lancinant «Sarko, si tu continues…» pour donner à ce République-Opéra des airs de marche funèbre.
Et voici que s’en profile une autre, programmée pour le 19 mars prochain, soit sept semaines plus tard, sans que rien n’établisse de dynamique entre celle-ci et celle-là. Décrété en apnée par ses bureaucraties syndicales, le mouvement social est prié de constater que là-haut, on continue de ne l’entendre pas. Reçus l’autre semaine au château avec des velléités proclamées de mettre, sur le tapis des négociations, un coup de projecteur antillais, les dirigeants
confédéraux s’entendirent priés d’écraser là-dessus, et ils s’écrasèrent. Lundi, ils constataient avec un ahurissant fatalisme que «le sommet social» (sic) n’a conduit qu’à «une légère inflexion sociale» au plan de relance gouvernemental.
Bien vu, les gars ! On fait quoi ? On va marcher, et puis après ?
Ces «journées» éclatées de peu d’action, non contentes d’épuiser le salarié en le ruinant pour des nèfles, le dépriment et le démobilisent.
Mais surtout, dans le contexte simultané de «la crise» (terme générique) et de l’explosion identitaire et sociale des Antilles, elles creusent des abysses entre six semaines de grève générale en Guadeloupe et la perspective métropolitaine de celle-ci, irréellement escamotée du discours politique. Au cynisme entêté d’un exécutif qui godille là-bas, doutons que la plaisanterie du 19 mars (en attendant la prochaine - au début de l’été, peut-être ?) fasse ici une réplique à la hauteur. Il faut s’appeler Christophe Barbier (patron de la rédaction de l’Express et éditorialiste droitier multicartes) pour appeler ça «un ultimatum» (mercredi, sans rire, sur LCI)…
C’est décidément aussi de la façon dont les travailleurs antillais conduisent leurs revendications - et avec quelle réussite, semblait-il hier matin -que notre hexagonale frilosité devrait prendre de la graine.
Erratum statistique
En songeant à Julien Coupat qui toujours croupit à la Santé, Jean-Luc M., de Paris, nous invite à remarquer que si 577 816 citoyens gardés à vue l’an passé constituent «environ 1 % de la population résidante en France et âgée de plus de 13 ans» (No Smoking du 6 février), ce pourcentage ne prend pas en compte le fait qu’on n’engeôle pas (encore), ou peu, le troisième âge. Lequel troisième, pesant plus du quart de ladite population, nous bouleverse un peu la statistique.
Rectificatif sémantique
Cette correction-là, c’est le tribunal correctionnel de Lyon qui l’infligea mardi à la Licra en décrétant que certaine fameuse chronique de Siné dans Charlie Hebdo et qui lui valut d’en être ignominieusement viré, n’était pas de nature «antisémite».
On y reviendra.
http://www.liberation.fr/chroniques/0101354393-de-la-manif-comme-un-art-poetique
De la manif comme un art poétique
Par Pierre Marcelle
Rôle positif
cocotiers, à une protestation contre la vie chère.
De toute manifestation, le témoin actif ou passif conserve une image, une banderole, un slogan qui, s’inscrivant dans la mémoire et la lumière du jour, confère à la protestation un ton et un style. Samedi, place Léon-Blum, l’image fut celle d’une jeune femme aux teint sombre et chapeau clair, la banderole celle du collectif Continuité LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon) derrière laquelle elle avait pris place au premier rang, et le slogan «Respect», qu’elle scandait vigoureusement en scrutant des yeux les humains massés sur les trottoirs. Et dans sa façon de le crier, visage fermé et fixant chacun, elle semblait tout à la fois réclamer notre respect et qu’on le réclamât avec elle.
Considérant autour d’elle l’avancée sonore et joliment rythmée de ses camarades, qui évoquait le pas chaloupé d’une école de samba aussi bien que celui, glissé, des esclaves entravés par des fers aux chevilles, on put se dire que notre manifestante franchouillardise serait bien inspirée d’en prendre de la graine.
Rôle négatif
C’est que, derrière les bataillons colorés et sous le gros ballon de la grande et métropolitaine confédération syndicale, venait un second cortège, dans des lambeaux de slogans arthritiques. Blanc, le cortège, et mous, les slogans, tombés de haut-parleurs enroués et que la foule ne reprenait pas, ou si peu, et si mécaniquement qu’elle donnait le
sentiment de n’y pas croire.
On la comprend.
Déjà, lors de «la journée d’action interprofessionnelle» du 29 janvier, l’éculé «aucu ! aucu ! aucune hésitation», signifiant exactement le contraire de ce qu’il proclamait, avait fait écho au lancinant «Sarko, si tu continues…» pour donner à ce République-Opéra des airs de marche funèbre.
Et voici que s’en profile une autre, programmée pour le 19 mars prochain, soit sept semaines plus tard, sans que rien n’établisse de dynamique entre celle-ci et celle-là. Décrété en apnée par ses bureaucraties syndicales, le mouvement social est prié de constater que là-haut, on continue de ne l’entendre pas. Reçus l’autre semaine au château avec des velléités proclamées de mettre, sur le tapis des négociations, un coup de projecteur antillais, les dirigeants
confédéraux s’entendirent priés d’écraser là-dessus, et ils s’écrasèrent. Lundi, ils constataient avec un ahurissant fatalisme que «le sommet social» (sic) n’a conduit qu’à «une légère inflexion sociale» au plan de relance gouvernemental.
Bien vu, les gars ! On fait quoi ? On va marcher, et puis après ?
Ces «journées» éclatées de peu d’action, non contentes d’épuiser le salarié en le ruinant pour des nèfles, le dépriment et le démobilisent.
Mais surtout, dans le contexte simultané de «la crise» (terme générique) et de l’explosion identitaire et sociale des Antilles, elles creusent des abysses entre six semaines de grève générale en Guadeloupe et la perspective métropolitaine de celle-ci, irréellement escamotée du discours politique. Au cynisme entêté d’un exécutif qui godille là-bas, doutons que la plaisanterie du 19 mars (en attendant la prochaine - au début de l’été, peut-être ?) fasse ici une réplique à la hauteur. Il faut s’appeler Christophe Barbier (patron de la rédaction de l’Express et éditorialiste droitier multicartes) pour appeler ça «un ultimatum» (mercredi, sans rire, sur LCI)…
C’est décidément aussi de la façon dont les travailleurs antillais conduisent leurs revendications - et avec quelle réussite, semblait-il hier matin -que notre hexagonale frilosité devrait prendre de la graine.
Erratum statistique
En songeant à Julien Coupat qui toujours croupit à la Santé, Jean-Luc M., de Paris, nous invite à remarquer que si 577 816 citoyens gardés à vue l’an passé constituent «environ 1 % de la population résidante en France et âgée de plus de 13 ans» (No Smoking du 6 février), ce pourcentage ne prend pas en compte le fait qu’on n’engeôle pas (encore), ou peu, le troisième âge. Lequel troisième, pesant plus du quart de ladite population, nous bouleverse un peu la statistique.
Rectificatif sémantique
Cette correction-là, c’est le tribunal correctionnel de Lyon qui l’infligea mardi à la Licra en décrétant que certaine fameuse chronique de Siné dans Charlie Hebdo et qui lui valut d’en être ignominieusement viré, n’était pas de nature «antisémite».
On y reviendra.
gros branleur-
Nombre de messages : 1696
Age : 60
Localisation : Gromoland du bas
Emploi : Teknichien
Loisirs : un peu de tout...beaucoup de rien
Date d'inscription : 08/08/2008
Re: Le retour (gagnant?) de Pierre Marcelle
Un truc où il a salement raison c'est ces manifs traine-patins où plus personne ne gueule et où l'on compte sur les camions sonos. c'est d'un triste!
scud56-
Nombre de messages : 3338
Age : 67
Localisation : Paris-Tokyo-Lamotte-Beuvron
Loisirs : Ne rien faire. Au chaud c'est encore mieux
Date d'inscription : 17/04/2007
Re: Le retour (gagnant?) de Pierre Marcelle
C'est vrai que si on mettait quelques têtes au bout de quelques piques, ça mettrait plus d'ambiance.scud56 a écrit:Un truc où il a salement raison c'est ces manifs traine-patins où plus personne ne gueule et où l'on compte sur les camions sonos. c'est d'un triste!
Faudra y penser pour la prochaine manif...
Invité- Invité
Re: Le retour (gagnant?) de Pierre Marcelle
scud56 a écrit:Un truc où il a salement raison c'est ces manifs traine-patins où plus personne ne gueule et où l'on compte sur les camions sonos. c'est d'un triste!
Ouaip, j'avais remarqué en effet que plus la sono est forte, plus les gens derrière étaient mous du genou...
Re: Le retour (gagnant?) de Pierre Marcelle
bravo pierrot!
c'est vrai que l'apathie et le renoncement sont inquiétants...
c'est vrai que l'apathie et le renoncement sont inquiétants...
billbaroud35- Admin
-
Nombre de messages : 6728
Age : 50
Localisation : face au chateau, la classe!!!
Loisirs : glandouiller...
Date d'inscription : 18/04/2007
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